En étudiant les débats politiques et juridiques sur la citoyenneté au prisme de la situation coloniale au XIXe siècle, en métropole et dans les colonies, Silyane Larcher propose une généalogie de la citoyenneté profondément renouvelée et conduit à repenser la construction de la République.
Les laboratoires pharmaceutiques sont devenus des acteurs incontournables des politiques de santé. Auriane Guilbaud analyse les enjeux posés par ces relations entre firmes et organisations internationales dans le cadre de partenariats public-privé à l’échelle mondiale.
Qu’est-ce qu’un réfugié ? Comment le distinguer du migrant ou du demandeur d’asile ? Comment ces notions ont-elles évolué au cours du XXe siècle ? La sociologue Karen Akoka revient sur le travail institutionnel de distinction entre bon et mauvais réfugié pour éclairer l’actuelle « crise » des migrants en Europe.
Si le théâtre est profondément politique, c’est parce qu’il est engagé et participatif : il répond à l’urgence des temps, en traitant le spectateur comme un citoyen et en faisant de la scène un espace social inclusif. Retour sur un potentiel révolutionnaire.
Antique et renaissante, mi-lolita, mi-déesse, la nymphe est, selon G. Didi-Huberman, marchant dans les pas d’Aby Warburg, un personnage récurrent de l’histoire de l’art, qu’elle irrigue de son nimbe et de sa fastueuse fluidité.
À travers une enquête ethnographique dans le huis clos du quartier européen de Bruxelles, Sylvain Laurens étudie les rapports entre milieux d’affaires et institutions européennes et montre que leur proximité tient moins à une connivence idéologique qu’à une histoire partagée.
En quoi l’Histoire est-elle pertinente pour comprendre les débats actuels sur la race, les inégalités économiques ou bien encore le récit national ? Thomas Sugrue, historien renommé, spécialiste des crises urbaines et de la ségrégation, insiste sur la valeur de la passion et d’un travail de recherche minutieux. Les historiens peuvent et doivent s’engager dans le débat public, mais selon leurs propres termes.
Tandis qu’en France, la police tenue pour coupable d’acharnement appelle à un rassemblement contre la « haine anti-flics », en Allemagne, en Suède, en Suisse, l’interaction entre police et manifestants se distingue par la maîtrise et le dialogue. La police française résiste aux nouveaux modèles de maintien de l’ordre, articulés autour de la notion de désescalade. O. Fillieule et F. Jobard expliquent les raisons de ce retranchement doctrinal.
Rompant avec la vision du paysan éternel et des campagnes conservatoires des traditions, Joëlle Zask montre que l’agriculture nourrit une véritable culture démocratique. Cultiver sa parcelle, c’est reconnaître une communauté d’égaux. Amour de la terre, amour de la liberté et de l’égalité ?
Le Kamasutra écrit au IIIe siècle n’est pas seulement un ouvrage érotique : c’est aussi un traité d’art de vivre pour les citadins aisés, quelle que soit la caste à laquelle ils appartiennent, quelle que soit leur sexualité, et qu’ils soient étalon, taureau ou lièvre, éléphante, jument ou hase.
Avec la volonté d’écrire une histoire totale, B. Joyeux-Prunel propose une approche socioculturelle et transnationale inédite des avant-gardes artistiques. Au delà d’une simple histoire des styles, les avant-gardes apparaissent alors comme de véritables événements politiques et sociaux, pris dans de complexes réseaux d’influence.
Le gouvernement et la Diète ont récemment pris des mesures qui mettent en danger l’autonomie de la justice, l’indépendance des médias et les libertés individuelles. Les origines de cette dérive autoritaire sont à chercher dans la transition de 1989 et dans les enjeux de la décommunisation.
À l’époque moderne, l’Espagne et le Portugal ont procédé à des expulsions massives et dramatiques, touchant plus d’un demi-million de personnes de confession juive ou musulmane. Revenir sur le sort de ces populations permet de mettre en perspective la crise des réfugiés que connaît actuellement le monde.
En URSS, de nombreux films ont été consacrés aux années de révolution et de guerre civile. Leur étude met en lumière le travail de l’idéologie et de la censure, tout en posant la question de la réception et de la « vérité documentaire ».
Un nouveau recueil sous la direction d’Emmanuel Alloa, portant sur le développement des études visuelles, éclaire ce que l’anthropologie apporte à notre perception de l’image. La richesse et la diversité des approches, cependant, rend difficile une perception unifiée de la question.
Peut-on encore défendre les langues mortes sans être taxé de conservatisme et sans idéaliser les cultures antiques ? Prolongeant le débat ravivé en 2015 par la réforme du Collège, l’helléniste Pierre Judet de La Combe milite pour le maintien d’un rapport direct et critique avec les Anciens.
La philanthropie moderne est un phénomène international. Un numéro de revue aborde l’action des fondations comme acteurs d’une diplomatie grâce des réseaux. Une manière innovante d’aborder les relations internationales et de contribuer à l’étude des circulations d’acteurs et d’idées dans le monde.
Face à l’urgence environnementale, faut-il revenir à l’idée de nature, et rompre avec l’imaginaire moderniste selon lequel l’homme peut avoir un contrôle total sur elle ? Faut-il, comme le préconise F. Neyrat, en finir avec le « constructivisme » ? Rien n’est moins sûr, selon P. Charbonnier.
L’expulsion locative est devenue aux États-Unis un phénomène de masse. Le sociologue Matthew Desmond retrace le destin de huit familles de Milwaukee aux prises avec un marché immobilier d’une violence inouïe. Un livre magistral qui débouche sur une nouvelle conceptualisation de la pauvreté.
Une rigoureuse étude de l’histoire récente du droit de savoir aux États-Unis fait remonter l’émergence de la transparence aux revendications pratiques anti-bureaucratiques plutôt qu’à des revendications idéologiques soixante-huitardes.
Loin des théories générales qui prétendent rendre raison de la pratique sportive, un ouvrage récent fait apparaître les formes de socialisation et d’institutions qui font du sport un phénomène éminemment social.
Qu’est-ce que les situations des aides à domicile nous apprennent de l’histoire de la domination ? À partir de deux ouvrages récents, Dominique Memmi montre que ce cas met en lumière les dimensions et les limites d’une crise de la domination rapprochée dans le salariat féminin.
Sept ans se sont écoulés depuis le début de la crise économique et politique qu’a traversée l’Islande en 2008. Les tentatives de rénovations de sa constitution, ses positions hétérodoxes en matière de finance et la vivacité politique de sa société civile ont suscité la curiosité certes, pourtant ces faits étonnants peinent encore à mobiliser la science politique.
La censure, selon Robert Darnton, n’entrave pas toujours la création. En étudiant trois cas contrastés, et sans prétendre unifier les divers contextes culturels où s’exerce la censure, l’historien s’interroge sur ses propres préventions à son sujet.
La philosophie des anciens consolait de la perte, de la séparation, de la mort. Celle des modernes ne le fait plus, considérant désormais que son rôle est de rechercher la vérité. Ce renoncement, selon M. Fœssel, est lourd de conséquences pour notre politique désormais sans horizon.
Fondateur de l’Empire romain en 27 avant J.-C., Auguste est un homme tout en ambiguïtés : républicain mais autocrate, conquérant mais pacificateur, inventeur d’une tradition, il gouverne comme un sphinx. Une biographie vient souligner l’actualité de son règne.
Depuis 2014, les monnaies locales ont une reconnaissance légale en France. Mais elles n’ont pas attendu cette reconnaissance pour se diffuser en France et à l’étranger. Jérôme Blanc tire le bilan de ces expériences dont l’ampleur reste encore limitée.
Qu’est-ce qui distingue une toile vierge d’un tableau vide ? un simple objet d’un readymade ? Quel est ce mystérieux intervalle que creuse l’art en se séparant de la vie ? Telles sont les questions que pose Arthur Danto, figure majeure de la théorie contemporaine de l’art.
Alors que le gouvernement relance le débat sur le revenu minimum universel, Philippe Askenazy revient sur la redistribution des richesses. Il propose d’intervenir en amont, non par des taxations ou par l’accès universel à la propriété, mais par l’égalisation des revenus de départ en revalorisant le travail.
Le mouvement de contestation contre la « Loi Travail » a mis en avant les inégalités générationnelles face à la précarité. La politiste Sophie Béroud analyse les enjeux de ce projet de loi en termes d’inégalités de genre ainsi que les formes de mobilisation auxquelles la contestation actuelle donne lieu, avec les contradictions des syndicats.
À l’heure où les politiques d’assouplissement quantitatif menées par la plupart des banques centrales, laisse craindre une nouvelle crise financière, l’ouvrage d’Adair Turner ouvre de nouveaux horizons en proposant une réforme radicale de la création monétaire.
Le droit français n’est pas toujours très clair lorsqu’il faut punir les discours racistes. Les juges sont contraints de l’interpréter avec la plus grande rigueur, conscients que cette condamnation est indispensable en démocratie.
Le régime de Vichy procéda à la dénaturalisation de plus de 15 000 personnes qui avaient acquis la nationalité française pendant l’entre-deux-guerres. Portée par une soif de revanche contre la République, cette politique fut mise en œuvre pour exclure de la communauté nationale les individus que le régime désignait comme ses ennemis.
Une nouvelle traduction des Entretiens d’Épictète donne à la pensée du célèbre Stoïcien de la période romaine une précision et une actualité nouvelles, tout en laissant en retrait certaines facettes de sa doctrine comme la métaphore de l’acteur ou la dimension politique.
L’œuvre de Pierre Bourdieu ne cesse de nourrir les débats intellectuels jusqu’à aujourd’hui. Un ouvrage collectif dirigé par Maxime Quijoux examine la place apparemment marginale du travail dans les travaux du sociologue.
Que nous apprend la littérature de la mauvaise foi ? Dans un essai entraînant, Maxime Decout complète les approches issues des sciences humaines et sociales, et renouvelle le débat sur l’invention littéraire.
Contrairement à une idée répandue, la France n’a pas échappé à l’emprise intellectuelle et morale de l’eugénisme au cours du XXe siècle. À partir d’une enquête sur une cité-jardin de Strasbourg, P.-A. Rosental en retrace les transformations et les héritages, dans l’État social d’après-guerre et jusqu’à nos jours.
Comment moraliser la vie politique ? En revenant sur la surveillance des mœurs (« regimen morum ») dans la Rome antique, Clément Bur montre que la vertu a longtemps été considérée comme une condition du maintien de l’autorité des gouvernants sur les citoyens.
En produisant une analyse des pressions statistiques qui s’exercent sur les décideurs politiques, le sociologue Olivier Martin montre que ce n’est pas tant la quantification en tant que telle qui pose problème que l’usage qu’en font les différents pouvoirs. Les chiffres peuvent être mis au service d’objectifs démocratiques.
Les révolutions dans les pays du Moyen-Orient ont remis sur le devant de la scène le rôle de l’armée dans les systèmes politiques de la région. Un numéro pluridisciplinaire de la revue Vingtième siècle revient sur les relations entre militaire et politique.