Le fait de promettre implique-t-il nécessairement que l’on soit obligé de tenir sa promesse ? Et si tel est le cas, comment peut-on le prouver ? La réponse d’Alain Boyer est que toute promesse oblige et que la meilleure manière de le prouver est de relire Hobbes à partir de la théorie des jeux.
Au moment où la question de la propriété intellectuelle domine Internet, la lutte pour la mainmise sur l’univers numérique est de plus en plus présentée comme le « second mouvement des enclosures » : un emprunt trompeur, affirme Allan Greer.
Dissous en 1972, le mouvement situationniste continue de fasciner. Éric Brun passe au crible de l’analyse sociologique la courte vie de l’Internationale Situationniste. En soutenant la thèse de l’avant-garde, l’ouvrage ne brise que partiellement le mythe forgé autour de Guy Debord.
Comment le Parti Communiste, représentant des classes populaires sur la scène politique jusque dans les années 1970, est-il devenu un parti de professionnels, largement issus de milieux plus favorisés ? Croisant socio-histoire et analyse locale du politique, Julian Mischi met en lumière les causes et les enjeux politiques de ce déplacement.
Comparant France et États-Unis, Gunnar Trumbull montre que le développement du marché du crédit à la consommation s’explique par des coalitions d’intérêts différentes qui ont influencé les politiques du crédit de manières opposées.
En démocratie, la majorité a raison et la minorité doit se plier à ses décisions. Mais qu’est-ce qui le justifie ? Pourquoi le plus grand nombre devrait-il l’emporter ? Cet ouvrage collectif pose la question.
À l’occasion de la parution de son ouvrage sur la prison, Didier Fassin revient sur sa trajectoire intellectuelle. Celle-ci se caractérise par une diversification progressive des thèmes et des enjeux de l’enquête, mais aussi par l’élaboration d’une posture de recherche, à la fois critique et éthique, individuelle et collective.
Deux ouvrages reviennent sur la préparation idéologique et le déroulement du génocide des Tutsi, perpétré en 1994 avec l’aide d’une partie de la population. Ils montrent la double logique – verticale et horizontale – à l’œuvre dans la diffusion de la fureur meurtrière.
Le mouvement espagnol Podemos émane-t-il vraiment des Indignés ? Construit en tension sur deux modèles de démocratie (participative et plébiscitaire), Podemos dépend de la confluence d’une multitude de mouvements participatifs locaux et de leurs succès électoraux au cours des mois qui viennent.
L’œuvre de Philippe Descola s’est construite autour d’un système conceptuel singulier, sur lequel il revient longuement dans un livre d’entretien. Il en explique la genèse, en suit les évolutions et montre comment l’anthropologie nous sert aujourd’hui à comprendre la modernité.
Le 2 mai 1842, un rouleau de 10 km et 300 kgs entre dans la Chambre des Communes : la « charte du peuple », porteuse d’un vaste mouvement d’émancipation ouvrière. L’ouvrage de M. Chase, récemment traduit, en fait l’histoire « par le bas ».
L’État islamique est-il un État, comme il le revendique ? Ou désigne-t-il une nouvelle forme de souveraineté de type impérial ? Matthieu Rey en retrace l’histoire en Syrie et en Irak, en remontant à la domination coloniale européenne et aux deux guerres du Golfe.
Le modèle républicain peut-il parvenir à prendre en compte le pluralisme des identités ? La tolérance, fondement de nos sociétés démocratiques, doit-elle aujourd’hui être refondée ? Deux ouvrages, l’un américain, l’autre français, répondent à ces questions.
Quels sont les liens historiques entre la propagande pro-démocratique des USA au cours de la Guerre froide, le mouvement de la contre-culture et le développement de l’ordinateur ? Fred Turner montre comment l’histoire des media de masse éclaire leur signification à l’ère numérique.
Que devient l’alimentation des pauvres quand ceux-ci s’urbanisent ? La majorité des études en histoire de l’alimentation se sont focalisées sur l’alimentation des élites. Michel Bonneau propose, en faisant feu de tout bois, de retrouver la trace de repas évanouis.
Quinze ans après sa parution outre-Manche, le classique où Robert Tombs actualise l’interprétation de la Commune est enfin disponible dans notre langue. Loin des mythes qui soutiennent encore les batailles mémorielles, l’auteur réconcilie les acteurs et les chercheurs et éclaire l’événement par un décentrement général.
La réponse au djihadisme ne peut, selon F. Saint-Bonnet, résider seulement dans la répression. Le droit d’exception, comme l’indignité nationale, sont inefficaces, car le djihadiste, qui ne craint pas la mort, n’est pas un criminel classique.
La vie seule se répand et devient même un modèle de vie. Telle est la thèse audacieuse du sociologue Eric Klinenberg, qui pose néanmoins un certain nombre de questions cruciales : même revendiquée comme une libération, la solitude peut-elle satisfaire l’individu contemporain ?
Indissociable du mouvement hippie, l’usage récréatif de LSD-25 a donné lieu à l’interdiction précoce de ce médicament. Le potentiel psychothérapeutique de l’acide lysergique diéthylamide est pourtant bien établi, notamment en matière de soins palliatifs, et l’on peut souhaiter que l’exploration scientifique et médicale de ce produit se développe à l’avenir.
Bien qu’Émile Meyerson attise aujourd’hui l’intérêt, il fut longtemps oublié au profit de Gaston Bachelard, qui fonda ses positions philosophiques à son encontre. Un ouvrage entreprend de redécouvrir sa pensée et de la réévaluer en présentant ce qu’elle a de singulier, en retraçant les relations que Meyerson entretint avec ses contemporains et en suivant l’héritage qu’il laissa.
Beaucoup déplorent le triomphe de la culture de la célébrité sur la culture civique. Mais était-ce mieux autrefois ? Le livre brillant d’Antoine Lilti montre que la culture moderne de la célébrité est née à l’ère des révolutions, alors qu’émergeaient les notions nouvelles d’individualité et d’authenticité personnelle.
Poutine est anti-moderne, conservateur et expansionniste. Persuadé de la décadence de l’Occident en général et de l’Europe en particulier, il prône une « voie russe », qu’il pense être un autre modèle politique et social. M. Eltchaninoff analyse cette doctrine.
Les mouvements pour une alimentation alternative sont-ils une panacée contre l’obésité, les problèmes de santé d’origine alimentaire et la mauvaise alimentation ? Nul besoin d’être réactionnaire pour voir les limites de cette proposition ; difficile pourtant de renoncer à cette croyance. Julie Guthman, dont le travail a presque à lui seul inauguré la recherche scientifique sur ces questions, nous aide à comprendre pourquoi.
Faut-il instituer, à l’image de ce qui s’est fait pour les Noirs aux États-Unis, un temps annuel de commémoration de l’histoire des groupes minoritaires ? La réhabilitation d’une histoire négligée est-elle la condition de la fierté du groupe et de sa reconnaissance politique ?
Le sociologue Nicolas Jounin a invité ses étudiants de Paris 8 à étudier les quartiers huppés du 8e arrondissement. Il livre le récit de cet apprentissage des barrières sociales par de futurs sociologues.
Théoricien incontournable de la littérature, Franco Moretti rassemble dans un livre non encore traduit en français dix articles prônant une révolution méthodologique des études littéraires. Plutôt que de lire, Moretti propose d’expérimenter avec la littérature.
Selon Clément Fontan, la Banque centrale européenne a outrepassé ses prérogatives et a, sans contrôle démocratique, traité de manière trop différenciée l’aide qu’elle apporte aux États et celle qu’elle alloue au système financier.
L’imagination est-elle une ressource ou une menace pour l’écriture de l’histoire ? Indéniable outil de connaissance, elle permet surtout de faire le lien avec d’autres mises en présence du passé, comme le roman, le cinéma ou les séries télévisées.
Depuis la victoire de Syriza aux élections législatives du 25 janvier dernier, toute l’Europe observe les premiers pas d’Alexis Tsipras et de son gouvernement. Retour avec l’historien Anastassios Anastassiadis sur les origines d’un mouvement qui, face à l’urgence, mobilise le souvenir de la Seconde Guerre mondiale.
Dans une étude novatrice, qui redonne toute leur place aux écrits de la première période, Laurent Bove propose de voir en Camus un penseur de l’immanence et de l’acquiescement à la joie du monde. Cette lecture donne tout son sens à la réflexion de Camus sur l’histoire, mais tend à effacer les ruptures d’une œuvre en perpétuelle tension.
Le capitalisme contemporain est auto-destructeur. Le médiéviste Jérôme Baschet en expose les raisons et dessine les voies de la société qui pourrait lui succéder. Une réflexion sur le « bien vivre » qui emprunte les sentiers de l’utopie pour penser l’émancipation.
Le sociologue Pierre Merle plaide, en s’appuyant sur des exemples étrangers, pour une refondation de la laïcité scolaire en France. Dans la configuration actuelle, celle-ci avantage de fait les établissements privés qui constituent une forme de séparation sociale aux effets dommageables pour tous, mais surtout pour les plus vulnérables.
Tout en confessant son admiration pour Piketty, l’économiste américaine Nancy Folbre énonce trois objections. Quel est l’impact des écarts entre travailleurs sur les conflits de classe ? Quel rôle jouent les différences basées sur le genre ? Les inégalités économiques entre les nations, ou groupes de nations, ne constituent-elles pas un problème plus important que celles entre les individus d’une nation ? Essai publié en partenariat avec Public Books.
Comment les classes laborieuses ont-elles vécu le passage de l’alimentation rurale à l’alimentation de l’ère industrielle ? Plutôt qu’une mutation dommageable, Katherine L. Turner met en avant la variété de stratégies adoptées par les individus pour faire face à la place prise par l’industrie dans leur alimentation et de leurs existences.
La rhétorique laïque dissimulerait-elle un discours de l’ordre social et de l’exclusion du peuple et des anciens colonisés ? François Dubet souligne l’intérêt de prendre au sérieux le raidissement et le retournement conservateur dont la laïcité fait l’objet. Il invite également à nuancer cette thèse pour trouver les voies d’une alternative laïque.
La sociologue Nathalie Heinich dresse un portrait global du monde de l’art contemporain. Choisissant des exemples saillants, la sociologue démontre que l’art contemporain correspond à une véritable révolution artistique.
Le philosophe américain J. Waldron voudrait que les propos haineux soient réprimés aux États-Unis, parce qu’ils constituent un tort indéniable. Il faut donc selon lui restreindre la liberté d’expression. Mais est-ce la bonne manière d’établir fermement nos idéaux d’égale dignité et de laïcité ?
Le livre de Maud Mandel sur les juifs et musulmans en France montre la nécessité d’aborder antisémitisme et islamophobie comme des phénomènes liés l’un à l’autre dans notre société depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Abdellali Hajjat et Nonna Mayer en proposent une lecture croisée.
Des protestations très médiatisées contre les bus privés que les grandes compagnies du secteur technologique mettent à disposition de leurs salariés à San Francisco révèlent la gentrification de la ville et les résistances qu’elle suscite.
Ils sont en rangs clairsemés dans certaines paroisses mais ils surgissent de partout dans des « Manifs ». On ne sait plus s’ils sont progressistes ou traditionnalistes, en déclin ou en renouveau, fidèles ou en plein bricolage. Il était temps qu’une enquête sociologique permette de silhouetter l’archipel qu’ils forment : celui des catholiques en France.