Poutine est anti-moderne, conservateur et expansionniste. Persuadé de la décadence de l’Occident en général et de l’Europe en particulier, il prône une « voie russe », qu’il pense être un autre modèle politique et social. M. Eltchaninoff analyse cette doctrine.
Michel Eltchaninoff est agrégé et docteur en philosophie. Spécialiste de phénoménologie et de pensée russe, il a publié dernièrement Dostoïevski. Le Roman du corps (Éditions Jérôme Millon, 2013) et Dans la tête de Vladimir Poutine (Actes Sud, 2015), ouvrage dans lequel il explore les sources intellectuelles de l’idéologie du Kremlin. Il est actuellement rédacteur en chef adjoint du mensuel Philosophie Magazine.
La Vie des Idées : On présente souvent Poutine comme un autocrate à la fois nostalgique de l’URSS et soucieux de regagner une puissance perdue depuis la fin du bloc soviétique. Cette vision n’est-elle pas un peu simplifiée ? N’y a t-il pas une doctrine Poutine, qui ne se réduit pas au regret de la gloire passée ?
Michel Eltchaninoff : Poutine est un héritier du soviétisme. Il a vécu les quarante premières années de son existence en URSS. Il s’y est puissamment imprégné de certaines valeurs — patriotisme, militarisme, complexe de supériorité de la grande puissance. Il a servi ce qu’il considérait comme le corps d’élite de la nation : le KGB, devenu FSB après 1991. En revanche, il semble n’avoir jamais cru au modèle communiste d’une économie d’État ou d’une société sans classe. Il n’a donc pas voulu, à son arrivée au pouvoir en 1999, réhabiliter le soviétisme. Il a cependant affirmé vouloir réconcilier les héritages tsariste et communiste du pays. D’autres strates se sont déposées sur ce fond soviétique. Durant son premier mandat présidentiel, de 2000 à 2004, il adopte un profil de libéral. Il cite volontiers Emmanuel Kant et rappelle l’appartenance de la Russie à l’Europe du droit et de la démocratie. Il veut que la Russie rejoigne les « standards » occidentaux. Il se présente comme le dirigeant qui rétablit la stabilité, voire la prospérité à l’intérieur, et le prestige perdu à l’extérieur. Il faut nuancer cette strate libérale. Poutine ne prononce pas exactement les mêmes discours aux Européens et aux représentants des puissances asiatiques, par exemple aux Chinois, devant qui il s’excuse presque d’avoir eu un portrait de Pierre le Grand dans son bureau à Saint-Pétersbourg, et face à qui il critique le droit d’ingérence à l’occidentale. Par ailleurs, sa version de la démocratie est empreinte de raideur. Enfin, la manière dont il muselle les médias dès son arrivée à la présidence, dont il mène la guerre en Tchétchénie et met au pas les oligarques a de quoi alerter les démocrates.
À partir de 2004, une série d’événements infléchit ce discours modernisateur. La tragédie de Beslan, cette prise d’otage dans une école du Caucase russe qui cause la mort de 346 personnes, dont de nombreux enfants, après une opération chaotique des forces spéciales, ébranle Poutine. Il semble retirer sa confiance aux institutions démocratiques. Deux semaines après Beslan, il annonce que les gouverneurs des régions seront désormais désignés, et non plus élus. Il s’appuie de plus en plus ouvertement sur le patriarcat orthodoxe de Moscou pour « désensauvager » le pays. Il accueille très mal les révolutions de couleur (Géorgie fin 2003, Ukraine fin 2004) et l’adhésion des pays baltes à l’OTAN et à l’Union européenne. Il se persuade que la Russie est en butte à l’hostilité active des puissances occidentales. Un premier tournant conservateur s’esquisse. Après l’épisode de la présidence Medvedev, de 2008 à 2012 et son retour à la présidence, Vladimir Poutine accentue des tendances déjà présentes dans ses deux premiers mandats : un conservatisme assumé contre un Occident jugé décadent et coupé de ses racines chrétiennes ; l’affirmation d’une « voie russe » spécifique qu’il faut défendre coûte que coûte contre l’hostilité de l’Ouest ; l’accélération du projet d’Union eurasiatique (effectif depuis début 2015 avec la Biélorussie, le Kazakhstan et l’Arménie en attendant d’autres adhésions). Ces trois strates sont alimentées par des citations que Poutine réserve à ses discours les plus solennels.
Il fait régulièrement référence, depuis 2005 et jusqu’en décembre 2014, à Ivan Ilyine (1883-1954), philosophe russe émigré en Europe, aussi violemment anticommuniste qu’antidémocrate, admirateur de Franco et Salazar. Il aime emprunter des formules à Nicolas Berdiaev (1874-1948) ou Constantin Leontiev (1831-1891) pour appuyer son conservatisme. Il affectionne Lev Goumilev (1912-1992), qui représente la théorie eurasiste durant la période soviétique. Il faut donc ajouter au soviétisme originel et au saupoudrage libéral un conservatisme, une néo-slavophilie à prétention scientifique et l’eurasisme. Le résultat est une idéologie multiforme, dont les seuls points communs sont l’idée d’empire et l’hostilité à l’Occident. De quoi servir un président qui cherche à mobiliser son peuple sans s’enfermer dans un corpus trop contraignant.
La Vie des Idées : Poutine semble obsédé par l’unité de la nation et de la société russes, qu’il oppose à la soi-disant désagrégation des États démocratiques occidentaux. N’est-ce pas cette obsession qui détermine très largement sa politique étrangère ?
Michel Eltchaninoff : La question du rapport entre unité et diversité est depuis des siècles l’une des grandes questions politique et culturelle de la Russie. S’étant constitué en empire, ce pays regroupe des peuples très divers. Aujourd’hui, la Fédération de Russie accueille, outre les « Russes ethniques », des Tatars, des Tchouvaches, des Bachkirs, des Bouriates, etc., plus de 130 « nationalités ». Comment assurer l’unité politique sans réprimer les revendications nationales ? Ce n’est pas un hasard si la philosophie de Leibniz, modèle de cohabitation des substances individuelles au sein d’un système d’harmonie, a connu un grand succès dans la philosophie russe de la fin du XIXe siècle. Quant aux penseurs religieux connus sous le nom de sophiologues (Vladimir Soloviev, Pavel Florenski ou Serge Boulgakov...), ils élaborent des constructions conceptuelles complexes visant à saisir le lien existant entre Dieu et l’univers, c’est-à-dire l’unité du divin et la multiplicité de la création au sein de l’« unitotalité ».
Mais ce n’est pas en élève des métaphysiciens que se conduit Vladimir Poutine. Sur le plan pratique, il a opté, dès son arrivée au pouvoir, pour la méthode forte : il a voulu faire de la Tchétchénie, « pacifiée » dans la plus extrême violence, un exemple. Il a rétabli, contre toute velléité d’autonomie ou de gouvernement local, la « verticale du pouvoir ». Sur le plan théorique, il alterne l’exaltation de la russité orthodoxe du pays et l’apologie de son essence multiethnique et multiconfessionnelle. Il vante l’harmonie existant entre les populations de confession orthodoxe et les 15 millions de musulmans du pays. Rappelons que les théoriciens de l’eurasisme ont tenté de montrer qu’il existait entre l’Europe et l’Asie un « troisième continent », une Eurasie cohérente du point de vue du climat, de la végétation, des langues ou du relief, unissant slaves orthodoxes et turcophones musulmans ou bouddhistes. Selon le président russe, cette diversité interne ne peut toutefois se déployer que dans le cadre d’un État fort qui empêche les tendances centrifuges.
À ces conditions, la Russie peut même représenter un modèle pour le monde. Comme il le dit dès 2003, « la Russie, comme pays eurasiatique, est un exemple unique où le dialogue des cultures et des civilisations est pratiquement devenu une tradition dans la vie de l’État et de la société » (intervention lors du Conseil pour la culture et l’art, 25 novembre 2003, Moscou). Symbole de l’harmonie des différences, la Russie est légitime, aux yeux du président russe, pour prendre la tête de l’Union eurasiatique, qui ne fait que déployer ce modèle en future superpuissance, « empire de la terre » respectueux des différences capable de s’opposer à « l’empire de la mer » euro-atlantique, qui homogénéise toutes les cultures qu’il conquiert. Mais la condition de ce modèle de coexistence étant, dans l’esprit du président russe, l’allégeance à Moscou, garant de l’unité, il est fort à parier que l’Union eurasiatique soit mal engagée, et que les tendances séparatistes de certaines régions russes ne fasse que s’accroître dans les prochaines années.
S’il glorifie son modèle eurasiste de coexistence dans une main de fer, Vladimir Poutine et certains de ses proches considèrent que l’Europe occidentale est depuis longtemps soumise à des forces de désunion. Dans leur esprit, l’Union européenne, incapable de tracer des perspectives, de s’affirmer du point de vue international et d’assurer la prospérité générale, est déjà un échec. Les États européens sont d’après eux ouverts à toutes les migrations et incapables d’opposer une résistance au poison islamiste, voire à ce qu’ils perçoivent comme une invasion musulmane. Quant aux citoyens, ils les voient comme des consommateurs écervelés et superficiels ayant perdu le sens du patriotisme et l’aspiration vers de grands idéaux.
La Vie des Idées : Poutine se place résolument contre la modernité. Sur quels fondements se construit son conservatisme ?
Michel Eltchaninoff : Depuis son retour à la présidence en 2012, Poutine ne mâche plus ses mots sur l’Occident. Il déplore le « refus de leurs racines, notamment chrétiennes, fondement de la civilisation occidentale », de la part de « nombreux pays euro-atlantiques. Ces pays, d’après lui, « refusent les principes éthiques et l’identité traditionnelle : nationale, culturelle, religieuse ou même sexuelle. On mène une politique mettant au même niveau une famille avec de nombreux enfants et un partenariat du même sexe, la foi en Dieu et la foi en Satan. Les excès du politiquement correct conduisent à ce qu’on envisage sérieusement d’autoriser un parti ayant comme but la propagande pédophile. Les gens, dans de nombreux pays européens, ont honte et craignent de parler de leur appartenance religieuse » — ce qui ne manquera pas de mener à une « crise démographique et morale » (Intervention au Club Valdaï, 19 Septembre 2013, Région de Novgorod).
Quelques semaines plus tard, devant tous les représentants de la nation, il reprend sur le même thème : « Aujourd’hui dans de nombreux pays les normes de la morale et des mœurs sont réexaminées, les traditions nationales sont effacées, ainsi que les distinctions entre les nations et les cultures. La société ne réclame plus uniquement la reconnaissance directe du droit de chacun à la liberté de conscience, des opinions politiques et de la vie privée, mais la reconnaissance obligatoire de l’équivalence, quelque étrange que cela puisse paraître, du bien et du mal, qui sont opposés dans leur essence » (Adresse au Conseil de la fédération, 12 décembre 2013). Contre le relativisme, le déclin culturel, l’invasion d’internet, le politiquement correct, l’amnésie, le masochisme démocratique, la faiblesse face aux minorités, Vladimir Poutine promeut une éducation morale fondée sur les valeurs chrétiennes, la culture classique et livresque, le patriotisme, le militarisme et le respect de la hiérarchie.
Selon lui, au fond, l’Europe est entrée en décadence, tandis que la Russie se situe dans une phase ascendante de son histoire. Il s’appuie sur le schéma pseudo-scientifique d’un Constantin Leontiev, dont il arrive à Vladimir Poutine de citer l’un des concepts les plus célèbres, celui de « complexité florissante ». Selon le philosophe russe, ardent anti-européen et anti-bourgeois, toute civilisation, après une époque de simplicité originelle, connaît son apogée dans une ère de complexité florissante, avant de s’étioler en une époque de simplification et de confusion. Pour Leontiev, l’Europe, depuis la Renaissance, ne donne plus naissance à des saints et des génies, mais à des ingénieurs, des députés et des professeurs de morale. Elle uniformise, dans son mode de développement et son conformisme. Mais elle est aussi confuse. Ses habitants sont perdus et ne savent donner un sens à leur vie. Ils se montrent incapables de reconnaître un principe supérieur enthousiasmant. On imagine combien ce tableau de l’Europe a dû paraître juste aux conseillers de Vladimir Poutine. Mais pour ce dernier, la floraison et la complexité ne sont envisageables que sous la direction attentive d’un État qui mobilise et unifie ces forces vives.
La Vie des Idées : Qui influence Poutine ? Comment se construit la doctrine Poutine ?
Michel Eltchaninoff : Poutine n’est pas lui-même un intellectuel. Mais, fidèle à la tradition russe et soviétique, il aime parsemer ses déclarations de références à la culture et à la pensée. Outre les conseillers qui rédigent ses discours, il a dans son entourage quelques personnes qui prétendent au titre d’idéologues. Le plus impliqué dans la pensée russe et une vision ultra-conservatrice du monde est Vladimir Yakounine. Titulaire d’un doctorat en science politique, président de la société de chemins de fers russes, très proche du président, il organise à grands frais des rencontres intellectuelles autour du « Dialogue des civilisations ». Il défend des positions violemment anti-occidentales. S’affichant très croyant, il se rend à Jérusalem chaque année, à l’office de Pâques, afin d’en rapporter le flamme du « feu sacré » qui y apparaîtrait miraculeusement. Il finance et organise des « tournées » de reliques en Russie. Il se veut donc un des fers de lance d’une renaissance religieuse et morale de la Russie. Enfin, s’ils ne sont pas des politiques, deux autres hommes influencent la réflexion président russe. Le célèbre cinéaste Nikita Mikhalkov, depuis deux décennies, prétend incarner un renouveau d’une « Russie blanche » après la chute du communisme. Il explore inlassablement la figure du philosophe « blanc » Ivan Ilyine.
Enfin, Poutine aurait un confesseur, le Père Tikhone Chevkounov. Cet ancien étudiant de l’école de cinéma de Moscou est maintenant supérieur du Monastère de la Rencontre de l’icône de la Vierge de Vladimir dans le centre de Moscou. Il est puissant et craint. On lui prête une réelle influence [1].
Outre ce cercle de proches, il faut noter que les idées circulent entre le Kremlin et la société. De nombreuses personnalités politiques et médiatiques aiment se référer aux penseurs cités par Vladimir Poutine. Un site internet comme « L’Idée russe », animé par un philosophe de l’Université de Moscou, Boris Mejouev, également rédacteur en chef adjoint du quotidien Izvestia, proche du pouvoir, relaie le message conservateur du président. Le philosophe Ivan Ilyine apparaît fréquemment dans les programmes d’examens. Mais le mouvement se fait également dans le sens inverse. Des idéologues ultraréactionnaires voient leurs discours repris par le Kremlin. Un seul exemple : il y a quelques années, un idéologue mêlant héritage eurasiste et références d’extrême droite, le sulfureux Alexandre Douguine, proche de la nouvelle droite française et d’Alain Soral, passait pour un original. Aujourd’hui, sans être un proche de Poutine, il faut constater que ses idées sont reprises au plus haut niveau. N’avait-il pas, dès 2009, écrit dans un de ses ouvrages : « Nous ne pouvons exclure d’avoir à mener une bataille pour la Crimée et pour l’Ukraine orientale » (La Quatrième Théorie politique, trad. Ars Magna, 2012) ? Désormais, il passe pour un prophète...
La Vie des Idées : Quelle est la réception, dans la société russe, de cette doctrine ? Fait-elle l’unanimité ?
Michel Eltchaninoff : Vladimir Poutine est revenu à la présidence dans des conditions difficiles, après des manifestations de protestation contre les fraudes aux élections législatives de décembre 2011. S’il veut être réélu en 2018, rester au pouvoir jusqu’en 2024 et choisir un successeur docile jusqu’en 2030, il doit mobiliser son peuple. Il tente donc de faire naître deux affects chez ses concitoyens : la fierté de la grande Russie retrouvée qui annexe la Crimée au nez et à la barbe du droit international ; le sentiment de forteresse assiégée.
Il mêle les deux motifs lors du discours où il célèbre l’annexion de la Crimée, le 18 mars 2014 :
la politique d’endiguement de la Russie, qui a continué au XVIIIe, au XIXe et au XXe siècle, se poursuit aujourd’hui. On essaie toujours de nous repousser dans un coin parce que nous avons une position indépendante, parce que nous la défendons, parce que nous appelons les choses par leur nom et ne jouons pas aux hypocrites. Mais il y a des limites. Et en ce qui concerne l’Ukraine nos partenaires occidentaux ont franchi la ligne jaune. Ils se sont comportés de manière grossière, irresponsable et non professionnelle.
Cette politique de « l’enthousiasme discipliné », pour reprendre un concept de Nicolas Danilevski (1822-1875), philosophe slavophile et panslaviste, auteur de La Russie et l’Europe, apprécié des cercles du pouvoir, porte-t-elle ses fruits ? Si l’on en croit les sondages de l’institut indépendant Levada, c’est plutôt le cas, mais de manière fragile. Fin janvier 2015, 81 % des sondés ont une opinion plutôt ou très mauvaise des États-Unis. Ils étaient moins de 40 % trois ans plus tôt. 71% ont une mauvaise opinion de l’Union européenne. Au même moment, 84% des sondés soutiennent l’annexion de la Crimée à la Russie. C’est à peine moins que les 88% de mars 2014. Quant à l’action de Vladimir Poutine, toujours à la fin de janvier 2015, elle est approuvée par 85 % des sondés — contre 62% en janvier 2013.
Une écrasante majorité semble approuver le discours anti-occidental et expansionniste du président. Cependant, en période d’instabilité, l’opinion est volatile. D’autres sondages réalisés par Levada donnent ainsi à réfléchir. Lorsque l’on demande aux sondés, en décembre 2014, s’ils sont prêts à assumer une baisse substantielle du niveau de vie de leur famille à cause des sanctions occidentales, 30% répondent par l’affirmative, mais 62% par la négative. Enfin, 64% des sondés soutiennent l’idée d’une Ukraine indépendante et entretenant des relations de bon voisinage avec la Russie, contre 22 % souhaitant une Ukraine sous le contrôle économique et politique de la Russie. On voit donc que l’opinion demeure tributaire de la propagande anti-occidentale massivement diffusée par la télévision russe — et qui présente la situation en Ukraine orientale et méridionale comme un massacre, voire un génocide, des russophones par la « junte fasciste de Kiev ». Toute la question est de savoir jusqu’à quand le discours belliqueux de Vladimir Poutine séduira des Russes qui vont subir durement, en 2015, la crise liée à la chute des prix du pétrole et, dans une moindre mesure, aux sanctions occidentales.
Florent Guénard, « La doctrine Poutine. Entretien avec Michel Eltchaninoff »,
La Vie des idées
, 3 mars 2015.
ISSN : 2105-3030.
URL : https://laviedesidees.fr./La-doctrine-Poutine
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