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La vie simple, mode d’emploi

À propos de : Vicky Albritton et Fredrik Albritton Jonsson, Green Victorians : The Simple Life in John Ruskin’s Lake District, The University of Chicago Press


par Gabriel Lombard , le 26 septembre 2016


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À la fin du XIXe siècle, le critique d’art et penseur social John Ruskin se retire avec plusieurs disciples dans le Nord de l’Angleterre pour vivre plus proches de la nature. Les idéaux qui les animaient peuvent-ils encore nous guider aujourd’hui ?

Recensé : Vicky Albritton et Fredrik Albritton Jonsson, Green Victorians : The Simple Life in John Ruskin’s Lake District, Chicago, The University of Chicago Press, 2016, 212 p.

En 1872, le plus grand critique d’art de l’ère victorienne, John Ruskin, s’installe dans sa villa de Brantwood, sur les rives du lac de Coniston, dans le Lake District, au Nord de l’Angleterre. Alarmé par la pollution au charbon et la perte des facultés manuelles des ouvriers, il cherche à relancer l’artisanat local, aidé par une poignée de disciples qui partagent ses inquiétudes sur l’industrialisation de l’Angleterre. Fredrik Albritton Jonsson, chercheur à l’Université de Chicago et auteur d’un ouvrage sur l’influence de l’environnement des Highlands sur les Lumières écossaises [1], et Vicky Albritton, enseignante à la Johns Hopkins University et à Chicago, se sont livrés à une enquête fouillée sur la vie et les idéaux de cette communauté du « Lake District ».

Il s’agit, expliquent les auteurs, de mettre en lumière la « culture de la sobriété » (sufficiency, p. 8) de Ruskin et ses adeptes, couvrant tous les aspects du quotidien. Par delà l’attachement bien connu de Ruskin au paysage et à l’environnement, c’est donc l’« ethos de la consommation » de ce dernier que l’ouvrage cherche à étudier et, en quelque sorte, à mettre en scène. Green Victorians est ainsi divisé en six chapitres autour de personnages clés parfois totalement négligés dans le champ pourtant vaste des recherches ruskiniennes [2]. Richement illustré, il restitue avec un grand sens du détail non seulement l’atmosphère de vie autour des lacs et ses lieux typiques, mais aussi les débats et dilemmes des acteurs sur la mécanisation, la pollution industrielle, l’aménagement du territoire ou encore l’éducation. Les auteurs convoquent les écrits de Ruskin tout au long du livre pour mettre en évidence leur influence continue sur ses disciples, alors même que le vieux sage d’Oxford sombrait dans la folie. En dialogue avec le présent, les deux auteurs de Green Victorians replacent l’auteur de Unto This Last dans une lignée qui va de William Thoreau (Walden ou la vie dans les bois, 1854) à Ernst Friedrich Schumacher (Small is Beautiful, 1973) et aux critiques actuels de la croissance économique, appelant à une transformation radicale des modes de vie.

Projet engagé, à la croisée de l’histoire sociale et intellectuelle, Green Victorians contribue à la redécouverte de Ruskin sous le signe de l’écologie [3]. L’ouvrage peut se lire comme le carnet de route d’un idéal, trouvant sa genèse chez Ruskin et se transformant à mesure de sa diffusion par ses disciples.

Un prophète victorien

On peine à mesurer, en France, l’influence artistique et morale de John Ruskin (1819-1900) durant toute la seconde moitié du XIXe siècle sur le monde anglo-américain et au delà. Issu d’une famille de riches marchands, imprégné dès son plus jeune âge de culture religieuse puritaine mais aussi de la passion des arts, Ruskin se fait connaître en défendant Turner et les Préraphaélites à travers les cinq volumes de Modern Painters (1843-1860). Celui qui est surtout connu chez nous comme l’inspirateur de Marcel Proust fut aussi, outre le plus grand critique d’art de son temps, historien et théoricien de l’architecture, écrivain, poète, professeur à Oxford, dessinateur de talent et critique social.

Comment définir la sufficiency, et sous quelle forme s’exprime-t-elle chez Ruskin ? Suivant des auteurs écologistes modernes comme Bill McKibben ou Clive Hamilton [4], les auteurs présentent celle-ci comme « l’usage critique et sélectif des technologies et de la croissance économique », un sentier de vie « entre indulgence et abstinence », conscient de l’impact écologique de notre consommation (p. 8 sq.). Or, Ruskin n’a pas utilisé ce concept ni celui de « simple life », qui a aujourd’hui une connotation positive alors qu’il semble plutôt synonyme d’austérité à l’époque victorienne (p. 109). Les éléments de cette éthique sont en fait dispersés à travers Green Victorians, en réponse aux enjeux précis auxquels font face ses acteurs. Il convient sans doute de distinguer, chez Ruskin, ce qui est de l’ordre de la théorie et ce qui relève des recommandations pratiques dont sa correspondance foisonne.

Pour saisir sa perspective propre, on peut se référer à Unto This Last (1862), son écrit le plus emblématique sur les questions sociales et dans lequel les Albritton puisent largement. Le livre est une brillante charge contre l’économie politique de son temps. À l’homo economicus de Smith et Ricardo, mû par le seul intérêt, Ruskin oppose le modèle d’une économie de « l’affection » et de l’entraide. Guidé par l’idéal chrétien de justice dans l’échange, il défend la régulation des salaires des ouvriers et artisans. Plus généralement, c’est la conception de la richesse qui se trouve bouleversée : à la logique de compétition et d’accumulation monétaire, Ruskin oppose les valeurs d’épanouissement personnel et du respect devant « la vie », « dans toute sa puissance d’amour, de joie et d’admiration » [5]. L’économie politique ruskinienne devient une science morale, qui se confond avec la quête du bonheur :

Le fermier qui coupe son foin à la bonne période […] ; le maçon qui pose ses briques sur du mortier bien façonné ; la ménagère qui prend soin de ses meubles dans le salon, et veille à ne rien gaspiller dans la cuisine ; et la chanteuse qui discipline sa voix et ne la force jamais : tous ceux-là sont des économistes politiques dans le vrai sens du mot, car ils ajoutent continuellement à la richesse et au bien-être (well-being) de la nation à laquelle ils appartiennent. (p. 29)

Il n’y a donc pas, proprement dit, de théorie de la sufficiency chez Ruskin, mais une conception large et pré-écologiste de la richesse, où l’on peut reconnaître maints aspects de la sobriété moderne comme la limitation des besoins. « Nous avons besoin de l’exemple de gens qui, laissant au Ciel le soin de décider s’ils doivent s’élever en ce monde, prennent le parti d’être heureux ici-bas, et se décident à chercher, non une richesse plus grande, mais un plaisir plus simple ; non une fortune plus élevée, mais une félicitée plus profonde », écrit-il dans Unto this Last [6]. À l’époque des premiers grands magasins remplis de produits standardisés de mauvaise facture, les recommandations du maître à ses admirateurs vont dans le sens du moins et du mieux, d’un retour à la nature et d’une réappropriation du travail manuel, comme le montrent les Albritton. Elles visent toujours l’accomplissement personnel : le thème de la « good life » sert de fil rouge à l’étude. Des extraits de ses journaux montrent par ailleurs que Ruskin s’élevait contre l’idée que les ressources naturelles, et donc la croissance, seraient potentiellement illimitées (p. 48).

Une autre de ses préoccupations fait écho à notre sensibilité moderne. En 1884, dans une série de conférences données à Londres, Ruskin décrit le « vent calamiteux », d’une nature absolument nouvelle, qui se serait abattu sur l’Europe (p. 34 sq.). L’humanité, cédant aux tentations du matérialisme et du libéralisme, serait ainsi punie pour son « blasphème » envers les « bonnes œuvres et fins de la nature ». Certains commentateurs ont mis ces déclarations au ton prophétique sur le compte des crises de démence dont le critique souffrait depuis des années. En réalité, son observation du « Storm Cloud », qu’il reliait aussi à la fonte des glaciers alpins, datait d’avant sa maladie. À la lumière de recherches récentes, les Albritton affirment que Ruskin a sans doute perçu les signes de la sortie du Petit âge de glace, cet épisode de refroidissement climatique qui a débuté vers 1500. Le spectre du Storm Cloud continuera de hanter ses disciples, et affûtera leur vigilance face aux épisodes de pollution au charbon qui pouvaient atteindre les campagnes. Ruskin maudissait l’âge des fossiles et ses conséquences avant même d’y être pleinement entré.

Du jardin potager à l’artisanat

La force de Ruskin est d’avoir joint le geste à la parole, alors même que sa maladie le condamnait peu à peu au silence. Dans Fors Clavigera (1871-1884), il détaille les buts qui président à la création de la Guild of St. George, fondation dont les « compagnons » s’engageaient pour l’éducation artistique et morale des travailleurs. Contre les facilités procurées par le charbon et la menace d’un bouleversement du climat, Ruskin louait l’usage de la « force naturelle du vent et de l’eau » (p. 50). L’exercice physique, en contact avec la nature, recelait pour lui des vertus morales, et les autochtones pouvaient s’étonner de voir le vieux professeur d’Oxford aller lui-même couper du bois pour chauffer Brantwood. Afin de déterminer ce qu’un cottage familial pouvait produire par lui-même, loin des séductions du marché et de la ville, Ruskin fit pousser tant bien que mal des légumes, des aromates, et même du blé, au milieu des fleurs de Brantwood. À travers la Guild, il achetait des livres et du matériel de dessin pour les écoles des environs [7].

Les auteurs montrent le rôle de soutien et de muse qu’a joué « Queen » Susanna Beever dans ce contexte. Dans leur splendide propriété au Nord du lac de Coniston, Susanna et sa sœur vivaient dans le choix délibéré de la sédentarité et de la simplicité, consacrant leur temps aux recherches botaniques, à la poésie, aux dessins que Ruskin admirait. Susanna en particulier représentait pour lui « toute la Ruskin School du Lake District » (p. 72), comme il lui confiait dans une lettre – ou encore « un modèle concret de l’idéal d’une vie sobre » dans les mots des Albritton. Grâce à leur fortune familiale, les Beever, tout comme Ruskin lui-même, ont vécu à l’abri du besoin. Mais tous les ruskiniens n’ont pas eu les mêmes facilités. Green Victorians détaille ainsi le budget et les embarras de William Gershom Collingwood, d’abord secrétaire de Ruskin puis vivant avec sa femme et ses quatre enfants de ses peintures et de ses ouvrages.

L’arrivée du professeur au Lake District donne une impulsion décisive à l’artisanat local, mouvement connu sous le nom de « Lakeland arts revival » [8]. Dans Les Pierres de Venise (1853), Ruskin avait décrit sa visite dans une manufacture de perles industrielles, où les ouvriers répétaient indéfiniment les mêmes gestes, les mains tremblantes, au milieu de la fournaise. En réponse à ce nouvel esclavage, il invitait les consommateurs modernes à « ne jamais encourager la production d’un article qui ne soit pas absolument nécessaire, et où l’invention n’a aucune part » (p. 49). Au Lake District, il s’agissait pour lui et une poignée d’entrepreneurs non seulement de sauver de l’oubli d’anciens savoir-faire, mais aussi de faire en sorte que les ouvriers retrouvent le « bonheur » et la « joie du regard et des facultés manuelles » (p. 54). Les Albritton s’intéressent notamment à Robert Fleming, un riche avocat londonien conquis par les idéaux ruskiniens qui choisit de refaire sa vie loin des « assauts » de la modernité. Fleming formait et employait les femmes pauvres de la région à filer le lin au rouet. Le lin était ensuite tissé grâce à un ancien métier mécanique et brodé à la main, parfois du motif « Ruskin Lace », pour fabriquer toutes sortes d’objets du quotidien. Usant à rebours des stratégies commerciales modernes, la Langdale Linen Industry vantait aux touristes et dans les journaux le revival des traditions, l’usage de produits naturels ou encore les vertus sociales de l’entreprise – un « marketing » de l’authenticité qui a permis à l’entreprise de prospérer jusqu’en 1925.

Les débats plus directement liés à l’aménagement de la région présentent des parallèles saisissants avec les nôtres, dans les rapports complexes à la localité ou à la technologie. Lorsque la ville de Manchester décide d’employer une partie du lac de Thirlmere comme réservoir d’eau douce, le projet suscite une levée de boucliers. Pour réveiller les consciences et éviter ce qui est présenté comme un saccage, on en appelle au poète romantique William Wordsworth (1770-1850), qui avait vécu au Lakeland, chanté son environnement unique et le caractère de ses habitants. Les ruskiniens devront pourtant faire face à l’indifférence de ces derniers, dont ils admiraient la frugalité, mais qui n’avaient pas lu Wordsworth : force est de constater qu’ils « ne sont pas les gardiens les plus avertis de leur charmantes maisons » (p. 109). En 1894, on retrouve le pasteur Hardwicke Rawnsley, acteur majeur de ces initiatives, présidant la cérémonie d’inauguration du barrage de Thirlmere. Le voici promoteur de technologies « propres » faisant disparaître la fumée des machines à vapeur… La National Trust for Places of Historic Interest or Natural Beauty, fondée un an plus tard par Rawnsley, Robert Hunter et Octavia Hill, reste aujourd’hui la principale organisation de défense du patrimoine géographique et architectural anglais.

Semer l’idéal

L’enjeu de Green Victorians est aussi de montrer comment les pratiques s’articulent dialectiquement avec une vision du bien commun, et la diffusion d’un idéal de vie généralisable.

Cet idéal ruskinien de sobriété s’est propagé non seulement grâce aux institutions, comme la Guild of St. George, toujours active aujourd’hui, mais aussi grâce aux livres de la communauté. Ainsi en 1889, Fleming et son associé H. H. Warner font imprimer un recueil à la gloire du filage et du tissage manuel [9]. Le livre est couvert de lin « non blanchi », et sa préface vante un travail « entièrement artisanal », sans « substances chimiques délétères » (p. 65). Les poèmes de Homère à Wordsworth, les planches techniques et reproductions paysagères invitent à entrer dans le détail et « l’esprit » de sa réalisation. Autre exemple, l’anthologie que composa Susanna Beevers des Modern Painters de Ruskin, fut un grand succès de librairie. L’accent y était porté sur les charmes d’une « vie humble » et du « monde naturel », contre des désirs insatiables des consommateurs modernes (p. 84).

L’écrivain Arthur Ransome gardera quant à lui un souvenir marquant de son séjour au Lake District, au début du siècle. Dans sa célèbre série de livres pour enfants, Swallows and Amazons (1930), il décrit les aventures de deux enfants séjournant dans une île semblable à la Peel Island du lac de Coniston. L’album regorge de descriptions d’activités de plein air et manuelles (voile, camping, construction de navires, etc.), une première du genre. À travers ces aventures naturalistes et leurs multiples adaptations au cinéma et à la télévision, les auteurs de Green Victorians veulent voir la « vie secrète » (p. 173) de la philosophie et l’idéal de vie ruskiniens – sous une forme atténuée, il est vrai, puisque la robinsonnade s’achève à la fin des vacances.

Ruskin et l’anthropocène

Adversaires revendiqués du « cornucopisme », ou idéologie de la croissance infinie, les auteurs veulent voir dans les expériences du Lake District une source d’inspiration pour l’époque contemporaine (p. 177). Et d’interroger, en conclusion, l’apport de Ruskin pour l’« anthropocène ». Celui-ci est défini comme une ère géologique nouvelle où l’humanité, devenue une force naturelle à part entière, peut modifier les équilibres écosystémiques globaux à travers le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité.

Celui qui mettait en garde contre le danger du « Storm Cloud » aurait sans doute approuvé l’usage de ce concept, à la fois dans les menaces qu’il souligne mais aussi dans la conception de la nature qu’il implique. Dans une intéressante comparaison, les auteurs montrent en effet comment Ruskin se distingue de son contemporain John Muir, le père du préservationnisme américain (p. 14 sq.). Alors que Muir valorisait les espaces sauvages où l’homme n’avait (supposément) pas posé sa marque, Ruskin était le poète des scènes pastorales. Même dans les marines de Turner, c’était pour lui l’indice d’une présence humaine, comme un mât perdu dans la tempête, qui conférait son sens et sa beauté au tableau, tandis que l’idée d’une pure wilderness le laissait de marbre. À l’heure où beaucoup d’écologistes prennent le parti d’une nature « habitée » pour mieux la défendre, cette sensibilité peut répondre à la nôtre.

Au delà des enjeux esthétiques, Ruskin et ses épigones peuvent-ils outiller le combat écologiste contemporain ? La réponse doit être nuancée au moins sur un point. Entre l’idéal de sufficiency ruskinien, et les propositions de ruptures radicales avec la société industrielle prises en exemples – sobriété heureuse mais aussi « Villes en transition » et « Do it yourself » – il y a une différence de taille sur laquelle les Albritton restent trop discrets. Elle concerne les enjeux politiques sous-jacents de cet idéal. Le torysme de Ruskin, sa vision élitiste de la société imprègnent tous ses écrits, comme Unto This Last, où le patron d’une firme règne en père de famille sur ses ouvriers, comme le maître sur ses serviteurs [10]. De L’Économique de Xénophon aux guildes du Moyen-Âge, toute sa culture socioéconomique semble tournée vers le passé. Dans les expériences et entreprises des ruskiniens du Lake District (et contrairement à celles du socialiste William Morris), l’absence d’enjeux politiques est frappante. Ou plutôt leur contournement : puisque les ouvrières travaillent chez elles, il n’est guère question de réorganiser le travail, et encore moins les structures sociales. Au contraire, les critiques contemporaines de la croissance se fondent sur une idée de justice mondiale, et tentent bien souvent de renouveler les formes de « gouvernance » : démocratie locale et participative, modèle de décision bottom-up, coopératives, etc. Avant de le prendre pour modèle, il faut retremper Ruskin dans les idéaux d’une démocratie moderne.

Cette réserve faite, on ne peut que reconnaître la portée de sa réflexion et de son engagement. La conception ruskinienne de la richesse, centrée sur l’épanouissement des individus, la beauté et l’équilibre naturel, demeure extrêmement inspirante dans la perspective d’une critique du productivisme capitaliste. Dans sa défense du paysage, son parti pris pour l’objet « durable », son goût de l’action même, la figure de Ruskin l’écologiste tend à effacer celle du moraliste conservateur [11]. Les disciples de Ruskin, dans leurs efforts de diffusion mais aussi leurs arbitrages, leurs compromis, font bien plus que de nous alerter face aux menaces de l’anthropocène : ils nous instruisent sur ce que sont un idéal de vie et une communauté spirituelle laïque. C’est dire que l’intérêt de Green Victorians pour le présent dépasse la seule sufficiency et son pittoresque éventuel.

par Gabriel Lombard, le 26 septembre 2016

Pour citer cet article :

Gabriel Lombard, « La vie simple, mode d’emploi », La Vie des idées , 26 septembre 2016. ISSN : 2105-3030. URL : https://laviedesidees.fr./La-vie-simple-mode-d-emploi

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Notes

[1Albritton Jonsson, Fredrik, Enlightenment’s Frontier : The Scottish Highlands and the Origins of Environmentalism, Yale University Press, 2013.

[2C’est le cas de Susanna Beever, cf. Green Victorians, p. 70 sq. Le livre traite successivement de Ruskin, Albert Fleming et Marian Twelves, Hardwicke Rawnsley, Susanna Beever, William Gershom Collingwood et des enfants de Collingwood.

[3Cf. Pierre Thiesset, «  Ruskin  » in Dominique Bourg et Alain Papaux, Dictionnaire de la pensée écologique, PUF, 2015, p. 907-908  ; Michael Wheeler, Ruskin and Environment : The Storm-Cloud of the Nineteenth Century, Manchester University Press, 1995  ; une bibliographie plus complète sur Ruskin et l’environnement in Green Victorians, p. 187, note 16. Unto This Last a été récemment réédité en français par les éditions écologiques Le Pas de Côté, sous le titre Il n’y a de richesse que la vie (trad. Pierre Thiesset et Quentin Thomasset). Nous avons repris cette traduction pour les citations (complétées) de Unto This Last issues de Green Victorians.

[4Cf. Bill McKibbens, Earth : Making a Life on a Tough New Planet, Henry Holt, 2010  ; Clive Hamilton, Affluenza : When Too Much is Never Enough, Allen & Unwin, 2005. Cf. Green Victorians, notes 7 et 9 p. 185. Les figures françaises de la «  décroissance  » et de la «  sobriété heureuse  » trouveraient certainement place dans la constellation des auteurs : cf. Serge Latouche, Le Pari de la décroissance, Fayard/Pluriel, 2010  ; Pierre Rabhi, Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, 2013.

[5Il n’y a de richesse que la vie, op. cit., p. 129.

[6Il n’y a de richesse que la vie, op. cit., p. 139.

[7Sur la Guild, cf. aussi Mark Frost, The Lost Companions and John Ruskin’s Guild of St George : A Revisionary History, Anthem Press, 2014 (référence non exploitée par les Albritton).

[8Cf. notamment Sara Haslam, John Ruskin and The Lakeland Arts Revival, 1880-1920, Cardiff, Merton, 2004. Une autre figure clé des «  Arts and Crafts  » anglais est le poète et entrepreneur social William Morris (1834-1896), lecteur enthousiaste de Ruskin. Grâce à ses célèbres motifs picturaux, Morris avait pu rendre aux arts décoratifs leurs lettres de noblesse dès les années 1860.

[9Songs of the Spindle and Legends of the Loom a été numérisé par l’Université de Californie et est librement consultable.

[10Cf. Il n’y a de richesse que la vie, op. cit., tout le premier chapitre et en particulier p. 23, 41. Dans les premières lignes de Fors Clavigera, Ruskin rappelle qu’il est un «  violent Tory of the Old School  ». Cf. Green Victorians, p. 47.

[11En attendant une généalogie plus complète du concept de sufficiency (et de «  simple life  »), on peut également noter la filiation entre Ruskin, Gandhi, qui déclarait avoir voulu changé sa vie après sa lecture de Unto This Last, et le philosophe américain Richard Gregg, disciple de Gandhi, le premier à populariser la notion de «  simplicité volontaire  » en 1936. Cf. Richard Gregg, The Value of Voluntary Simplicity, 1936, trad. fr. La valeur de la simplicité volontaire, Le Pas de Côté, 2016.

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