L’idéologie jihadiste européenne est-elle directement importée du monde oriental ? L’islamisme dans nos banlieues est-il absolument résistant à la culture laïque et républicaine ? Ces questions sont sensibles, et il faut se garder en la matière de tout essentialisme.
Entre témoignages personnels et analyses anthropologiques, entre discours d’émancipation et débats sur la mutilation, le plaisir féminin, longtemps ignoré, est aujourd’hui à l’honneur.
Le simple et élémentaire geste de préhension d’un très jeune enfant est déjà le produit de nombreuses influences sociales. En réalisant une ethnographie dans une crèche, Wilfrid Lignier montre que les sciences sociales sont incontournables pour comprendre les phénomènes de cognition et d’apprentissage.
Grâce à une enquête ethnographique leur ayant permis de pénétrer notamment dans les coulisses des études de notaires et cabinets d’avocats, deux sociologues montrent l’origine de profondes inégalités de genre dans la répartition du patrimoine familial.
Deux sociologues anglais mettent en lumière ce qu’ils appellent un plafond de classe à partir d’une enquête minutieuse dans les métiers culturels de Londres : une barrière à la mobilité liée à l’origine populaire des personnes qui investissent ces mondes.
Comment sortir d’un regard dévalorisant sur les pauvres ? Le sociologue Denis Colombi appelle à observer les pratiques économiques pour se déprendre des préjugés. Une analyse salutaire de la condition des catégories les plus défavorisées de la société.
Nous ne vivons plus dans des sociétés de contrôle, mais dans des sociétés d’exposition qui transforment nos désirs. Nous nous assujettissons librement à nos téléphones, à nos tablettes, à nos ordinateurs, et contribuons ainsi à notre propre surveillance.
L’influence croissante de l’idéologie méritocratique va de pair avec une diminution de la part des non diplômés dans les instances politiques. Cette tendance amplifie le hiatus sociologique entre représentants et représentés et alimente le ressentiment populiste.
L’explosion du coût des études supérieures aux États-Unis contraint les étudiants à souscrire de lourds prêts et à s’orienter vers des emplois sans rapport avec leurs aspirations initiales. Ces prêts précarisent également les parents et fragilisent la cohésion intergénérationnelle.
Pour Romain Huët, le vertige ressenti au cœur de l’émeute provoquerait un plaisir indicible en laissant entrevoir une autre forme de vie possible, plus solidaire. Mais la proposition fait peu de cas des règles de la méthode sociologique.
Études courtes, accès précoce à l’emploi et au couple, goût du travail manuel, démonstrations de virilité, tels sont les traits caractéristiques des relations qui unissent les jeunes hommes des régions rurales, qu’étudie l’enquête de B. Coquart.
Alors que la Silicon Valley suscite craintes et admirations à travers le monde, D. Lacorne revient sur l’histoire d’une passion politique française qui court de Charles de Gaulle à l’actuel président et souligne les limites de la French Tech.
La référence au « modèle nordique » est une constante de la politique français particulièrement remise au goût du jour par Emmanuel Macron avec la réforme des retraites. Mais la comparaison des systèmes sociaux montre de profondes différences entre la France et la Suède.
Paradoxalement, ce sont les adversaires du féminisme qui ont créé le nom. L’histoire des féminismes est ainsi étroitement liée à l’antiféminisme : un ouvrage interdisciplinaire en retrace les parcours parallèles.
Comment appréhender la crise hospitalière ? Un livre écrit à trois mains examine les effets des contraintes organisationnelles et budgétaires au sein de l’hôpital, à travers les réformes qui, depuis les années 1980, visent à y rationaliser l’activité.
À l’heure de la montée des inégalités, les élites philanthropes prétendent vouloir « changer le monde ». Anand Giridharadas montre qu’elles ne font en fait que détourner le changement social dans leur propre intérêt, refusant de bouleverser le système qui les a consacrées.
Le vaste panorama de l’actualité de la sociologie de l’éducation proposé par Davies et Mehta permet de mieux comprendre les mécanismes de la reproduction scolaire et le rôle des réformes éducatives dans la résorption des inégalités scolaires.
Le sociologue d’orientation marxiste Michaël Burawoy publie un livre original de débat avec la pensée de Bourdieu. Si ce pamphlet anti-Bourdieu n’emporte pas totalement la conviction dans les critiques qu’il formule, il ouvre la voie à un dialogue fécond entre deux traditions de recherche.
Alors que la classe ouvrière semble en voie de désintégration, Cédric Lomba montre que la condition ouvrière, marquée par l’incertitude du lendemain, est bien vivante, tout en invitant à déconstruire les nombreux préjugés qui disqualifient ce groupe social.
Des machines intelligentes à l’assaut du travail humain ? Enquêtant sur le digital labor qui se cache derrière les promesses de l’automatisation et des robots, Antonio Casilli soutient notamment que les médias sociaux constituent une forme de travail non rémunéré.
L’émergence de la radicalisation comme problème public a poussé l’État français à développer de nouvelles politiques de prévention. La faible efficacité de ces tentatives semble lieé à leur caractère confus et parfois contradictoire.
Pour comprendre les processus d’exclusion visant les minorités raciales en France, la sociologue américaine Jean Beaman distingue citoyenneté politique et citoyenneté culturelle. Mais peut-on traiter un tel sujet en ignorant les groupes majoritaires ?
Dans son introduction au rapport 2019 de l’Observatoire des Inégalités, Louis Maurin reproche aux bourgeoisies économiques et culturelles de cacher leurs privilèges en incriminant qui les super-riches, qui les assistés. Le rapport est d’une grande richesse mais ce point de vue pose question.
En analysant le regard sur l’homosexualité des habitants hétérosexuels de quartiers gais gentrifiés, la sociologue Sylvie Tissot révèle des logiques de domination qui prennent des parures progressistes.
Alors que la géographie est de retour dans le débat public, notamment à travers les débats relatifs aux inégalités territoriales, Jacques Lévy, Jean-Nicolas Fauchille et Ana Povóas réactualisent la Théorie de la justice de John Rawls en lui ajoutant une dimension spatiale.
Figure omniprésente dans la sociologie, l’individu a-t-il pour autant été pensé de manière stable et homogène ? L’histoire de l’individu se confond-elle avec celle de l’autonomie et de la modernité ?
Aux États-Unis, tous les ans, environ 650.000 personnes sortent de prison ; beaucoup vont y retourner. Bruce Western et son équipe de recherche ont suivi 122 de ces « sortants » pendant une année.
La maladie d’Alzheimer serait-elle une construction sociale ? C’est ce que montre une enquête qui croise les sociologies de la santé et de la famille en donnant à voir comment cette maladie s’inscrit dans les clivages sociaux, les discriminations de genre et les configurations familiales.
La voiture est partout. Le succès de la motorisation s’explique par l’adéquation entre une marchandise et les aspirations des individus, en lien avec l’essor de la consommation et l’appétit de mobilité urbaine. Voiture-autonomie ou aliénation automobile ?
Deux ouvrages récents se penchent sur des maladies mentales au caractère collectif : schizophrénie et hystérie. On y découvre des sujets taciturnes au corps qui parle.
L’ethnographie d’une usine reprise par ses employés met en lumière des aspects du syndicalisme trop souvent ignorés. Le travail syndical permet de maintenir des activités économiques que les investisseurs traditionnels jugeaient insuffisamment rentables.
Comment expliquer la « servitude volontaire » qui règne dans les cabinets d’audit ? Une enquête menée auprès de leurs salariés montre que la cause est à chercher dans l’esprit de compétition et le culte de l’élitisme.
Le travail gratuit se présente aujourd’hui sous des formes diverses : bénévolat, service civique, stages, digital labor… Partant des leçons déjà anciennes du féminisme sur le travail domestique, la sociologue Maud Simonet renouvelle l’analyse de ces formes contemporaines d’exploitation.
Dans un essai stimulant, Edgar Cabanas et Eva Illouz dénoncent les « sciences du bonheur » au service de l’idéologie néolibérale. Non seulement elles invitent à renoncer à tout changement politique, mais elles culpabilisent les « psytoyens » qui ne parviennent pas à se plier à leurs injonctions.
La guerre faite aux femmes commence par leur interdire de parler. Les hommes, explique R. Sonit, se réservent le droit d’expliquer. C’est un trait constitutif de nos cultures, qui conduit aux pires formes d’agression sexiste.
Pour expliquer le constat d’un échec scolaire plus important des élèves issus de l’immigration, M. Ichou propose de prendre en compte les caractéristiques pré-migratoires des familles. En s’appuyant sur des données et des méthodes originales, il pose de solides fondations pour renouveler le débat.
Une nouvelle ère du capitalisme s’est ouverte, où les entreprises cherchent par tous les moyens à connaître, prévoir et modifier les comportements des individus. S. Zuboff signale les menaces qui en résultent pour l’autonomie individuelle et la souveraineté démocratique.
À contre-courant de la conception essentialiste des trans comme « nés dans le mauvais corps », Miquel Missé propose une sociologie du corps qui souligne le poids des normes sociales.
Au nom de la « légitime défense d’État » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, on assiste à une extension significative des pouvoirs de la police. L’étude de V. Codaccioni permet de comprendre à la fois la baisse des meurtres racistes et sécuritaires et l’augmentation récente des morts par violences policières.
Souvent allumé du matin au soir, le petit écran rythme plus que jamais la vie quotidienne des classes populaires. Mais que font les individus des images et des personnages qu’ils reçoivent ainsi tous les jours à leur domicile ?