Dans un essai à la forme composite, Jean-Claude Schmitt poursuit son étude des images médiévales, une étude aussi sémantique et historique que plastique sur la manière dont l’Occident médiéval pense l’image et parfois pense par l’image.
En synthétisant les débats contemporains sur la nature et les fonctions de l’image produite par les dispositifs techniques, Andrea Pinotti et Antonio Somaini étendent le champ du visible à de nombreux usages de l’image encore largement méconnus.
Combinant l’esthétique, la psychanalyse, la sémiologie, la philosophie, la stylistique et les théories cinématographiques, N. Mauffrey aborde l’oeuvre d’Agnès Varda sous l’angle de la “cinécriture”, procédant par collages.
Les images ne sont que les figurations de notre rapport au monde – de nos manières de faire monde. P. Descola le montre dans une étude monumentale, qui fait droit à la diversité des cultures, des époques et des œuvres d’art.
L’histoire de la photographie n’est pas seulement celle des images que les artistes ont voulu prendre. Elle est aussi faite de tout ce qui a surgi par hasard et de tous les questionnements sur ce que le visible révèle.
Que doit notre culture visuelle au XIXe siècle ? Pour le comprendre, l’historienne de l’art Patricia Mainardi remonte bien avant l’invention de la photographie, et explore un vaste ensemble d’images en tout genre dans un livre qui nous invite à rééduquer notre regard, loin des écrans.
Comment identifions-nous les objets représentés dans une image ? L’œuvre de Flint Schier, parue en anglais en 1986 et enfin traduite, renouvelle la théorie de la représentation. Il y défend la thèse selon laquelle les images sont interprétées naturellement, se différenciant en cela du langage.
Le corps contemporain est souvent pensé en termes binaires : masculin ou féminin, martial ou vulnérable, puissant ou misérable. Puisant dans la sculpture et dans la mode, le travail d’Alexandra Bircken propose d’autres représentations, qui inversent, voire font imploser ces polarités.
Comment appréhender les images ? Quelle lecture en faire ? Penser l’image disserte de la question de la lisibilité ou de l’illisibilité des images, en s’attardant notamment sur la validité des approches sémiotique et iconique.
« Parricide », « tyran », « monstre » : c’est peu dire que le dernier empereur julio-claudien n’a pas bonne presse. À l’aide d’une imposante documentation, Donatien Grau étudie l’image de l’empereur honni, du Ier siècle de notre ère jusqu’à aujourd’hui. Le roman de Néron se donne à lire comme une histoire de l’Occident.
Dans cet essai d’anthropologie historique, Jérôme Baschet met en évidence les conceptions et représentations que la civilisation occidentale s’est faites de la personne, avant que la modernité n’opère le « grand partage » entre corps et âme.
La télévision contamine le cinéma et ne permet aucune expérience du monde. Dans ses derniers textes, Serge Daney pointe la naissance d’un nouvel ordre audiovisuel, qui n’enregistre plus la réalité et qui ne renvoie plus qu’à lui-même.
Antique et renaissante, mi-lolita, mi-déesse, la nymphe est, selon G. Didi-Huberman, marchant dans les pas d’Aby Warburg, un personnage récurrent de l’histoire de l’art, qu’elle irrigue de son nimbe et de sa fastueuse fluidité.
Un nouveau recueil sous la direction d’Emmanuel Alloa, portant sur le développement des études visuelles, éclaire ce que l’anthropologie apporte à notre perception de l’image. La richesse et la diversité des approches, cependant, rend difficile une perception unifiée de la question.
Dans un livre-exposition richement illustré, une équipe d’universitaires français spécialistes de civilisation américaine s’interroge sur le rapport à l’imagerie nationale dans la construction d’une « Amérique » mondialement connue pour ses images.
Médecin, journaliste, avocate, mais aussi cochère ou factrice, la femme qui endosse un « métier d’homme » suscite à la Belle Époque l’incrédulité, l’hilarité, et plus généralement l’hostilité. Des réactions dont les cartes postales — média dont l’expansion correspond à celui du premier féminisme — offrent une saisissante représentation.
Situé au XVIe siècle, l’ouvrage de S. Kusukawa analyse la première élaboration d’un régime propre à l’image scientifique dans les savoirs d’observation, en botanique et en anatomie notamment. Il montre comment ce nouveau régime de l’image s’avère capital dans la genèse des sciences modernes.
Les représentations du peuple ont tendance à être trop policées : elles écrasent la diversité et la singularité qui le constituent, et le plus souvent le déforment. C’est ce que constatent, chacun à leur manière, G. Didi-Huberman et J. Rancière. C’est aussi pour cela qu’il importe, selon eux, de prêter attention à toutes les images qui mettent en avant leur singularité et leur puissance.
La manière dont nous concevons ce qui est ou non objectif a plusieurs fois changé depuis le XVIIe siècle. Pour explorer ces variations, Lorraine Daston et Peter Galison étudient les « atlas » que formeraient les usages scientifiques de l’image. Ces illustrations de plantes, de planètes, de méduses ou de flocons de neige en disent long, en effet, sur les régimes de l’objectivité – avec à l’horizon du XXIe siècle, la possible disparition des représentations dans les pratiques scientifiques.
Laure Blanc-Benon reprend le débat entre Gombrich et Goodman sur le réalisme en peinture – et prétend apporter une alternative à leur antagonisme. L’enquête est passionnante, mais la solution proposée risque d’introduire une nouvelle confusion plus dérangeante que celles qu’elle permet d’éviter.
Pour Howard Becker, la sociologie est un moyen parmi d’autres de représenter la société et d’en comprendre les mécanismes. Bousculant les frontières entre arts, sciences et médias, son dernier livre est une invitation à penser ensemble tous les modes de figuration du monde social.
Livre fondateur des Études visuelles, Iconologie de W.T.J. Mitchell propose une nouvelle science de l’image, entendue comme une étude générale des représentations. L’auteur y rend compte de la création, du fonctionnement et du pouvoir des images, au moment où leur présence s’impose chaque jour davantage.
Pourquoi n’avons-nous retenu du 11-septembre, l’événement le plus photographié de l’histoire, que quelques images, répétées en boucle ? Dans un ouvrage à la fois riche et concis, Clément Chéroux, historien de la photographie et conservateur au Centre Pompidou, décortique ce « paradoxe du 11-septembre ».
Pour Àngel Quintana, le numérique n’est nullement contraire au réalisme qui depuis la naissance du cinéma inspire le septième art. C’est qu’il n’y a pas un mais plusieurs réalismes, et que le cinéma ne se contente pas de prélever des empreintes du réel, il révèle aussi les pièges de notre rapport au monde.
Les mangas, les jeux vidéos et tous les avatars de la « culture otaku » ont été présentés comme autant de refuges plus ou moins abrutissants pour jeunes mal dans leur peau. En s’appuyant sur les œuvres de Lyotard et Baudrillard, un jeune philosophe japonais affirme au contraire qu’ils sont l’emblème de ce simulacre « postmoderne » qu’est devenue la société japonaise.
Les images sont-elles vraies ? Faut-il s’en méfier ? Y croire ? Ces interrogations, partout présentes dans la critique contemporaine des médias, ont une longue histoire que retrace Hans Belting dans son dernier livre, aux confins de l’histoire de l’art, de l’histoire religieuse et de l’histoire des mentalités.