Dossier coordonné par Nicolas Duvoux.
Photo : (cc)Mac Steve
En retraçant l’émergence des statistiques publiques aux États-Unis, Emmanuel Didier raconte comment les groupes professionnels ont produit de nouveaux concepts et de nouvelles méthodes pour produire un savoir sur leur société, dans le contexte de la Grande Dépression.
Un ensemble anonyme de fonctionnaires issus de la recherche publique et spécialistes de la statistique font état des pressions gouvernementales au sujet des résultats chiffrés qu’ils produisent dans leurs services respectifs. Clair et pédagogique, l’ouvrage ouvre l’accès aux méthodes de production des statistiques publiques.
Un recueil d’articles restitue l’apport d’Alain Desrosières à l’étude des pratiques statistiques. L’auteur rappelle d’abord que les statisticiens produisent les normes de la société avant de mesurer l’effet de variables. Il illustre ensuite la tension entre la recherche d’objectivité de la mesure et les utilisations politiques pour produire la réalité.
Quantifier les groupes sociaux est un problème autant politique qu’épistémologique. La Revue Tocqueville publie un dossier qui inscrit la construction des « statistiques ethniques » dans la problématique plus générale de la quantification de concepts complexes qui renvoient tout à la fois à l’identité individuelle et sociale des acteurs et à certaines valeurs fondamentales des sociétés contemporaines.
Une société qui s’enrichit n’est pas forcément une société de gens heureux : c’est le constat que pose Richard Layard au fondement de sa « nouvelle science du bonheur ». Remplacer le culte de la croissance par la quête du bonheur collectif n’est cependant pas dénué d’ambiguïtés politiques, comme le souligne Marie Duru-Bellat.
Dix ans après la revue Population, la Revue Française de Sociologie vient de publier un dossier-débat sur l’usage des catégories ethniques en sociologie. Les contributions permettent de mesurer la légitimité sociale et politique croissante de ces instruments.
Après les polémiques entre historiens et durkheimiens au début du XXe siècle, après les grandes années de l’histoire « économique et sociale », après le « retour au récit » dans les années 1980, le temps est venu de réconcilier les historiens avec les méthodes quantitatives. Un manuel vient opportunément faire la mise au point.
Alors que la France tente de fixer – au besoin génétiquement – une identité heureusement fuyante, une thèse empoisonnée nous parvient de là où on l’attendait le moins : un politiste américain progressiste soutient, preuves empiriques à l’appui, que la diversité « raciale » conduit au malaise civique.