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Nous vivons sous le même ciel, mais notre compréhension du monde n’en est pas moins toujours située. Anne Cheng et Michaël Foessel réfléchissent aux conditions d’une appropriation commune des savoirs, qui déjoue leur inégale circulation.
Nous ne vivons pas dans un monde commun, mais tout au plus dans des archipels. Comment transformer le monde et le rendre commun sans l’uniformiser ? Patrick Boucheron et Barbara Cassin s’interrogent.
Notre monde n’est pas d’emblée commun, mais la fiction travaille à en tisser les liens. Pour Maylis de Kerangal, l’imagination rassemble ce qui est épars, nous invitant à penser autrement la circulation technique des savoirs.
Qu’est-ce que les big data ? Quels en sont les acteurs et les usages ? Pierre-Michel Menger et Simon Paye analysent l’économie de ces nouveaux flux informationnels qui transforment les pratiques de marketing et de consommation, mais peut-être aussi les sciences sociales.
Il y a trente ans, La Distinction de Pierre Bourdieu a posé les bases d’une réintégration des éléments culturels dans la réflexion sur le capital. Cette thèse reste-t-elle valide aujourd’hui ? Philippe Coulangeon évoque les métamorphoses de la distinction dans un monde marqué par les inégalités de patrimoine et les mutations de la légitimité culturelle.
L’étude de marqueurs polymorphiques dans l’ADN humain a ouvert la voie à de nouveaux modes d’interprétation de la diversité humaine aux applications très diverses. Mais comment ces interprétations sont-elles construites ? La nouveauté technique ne cache-t-elle le vieux concept de race ?
Dans le contexte d’une interrogation croissante sur l’avenir énergétique, la chimie bio-inspirée du carbone et de l’hydrogène, selon Marc Fontecave, est appelée à jouer un rôle important dans le développement des énergies renouvelables. À la croisée de la chimie et de la biologie, son laboratoire s’inspire de phénomènes biologiques, comme la photosynthèse, pour inventer de nouveaux matériaux, de nouveaux catalyseurs et de nouvelles réactions.
Grâce aux instruments dont elle s’est dotée et à son fonctionnement mondialisé, l’astronomie est aujourd’hui une science en pleine expansion. F. Combes nous explique les voies qu’elle suit désormais dans l’exploration d’un univers où tout reste encore à découvrir.
Qu’est-ce que l’histoire ? L’histoire, nous montre Alain Corbin, c’est un objet neuf, une question originale, mais c’est aussi un souvenir d’enfance, une écriture, du rêve et du plaisir.
L’empowerment est, en France, une notion neuve. Après avoir étudié aux États-Unis cette conception de la politique publique qui vise à donner du pouvoir aux individus, M.-H. Bacqué mène auprès du ministère de la Ville une mission pour en promouvoir la pratique, avec M. Mechmache d’AC-LeFeu. Les institutions sauront-elles faire confiance à la société civile ?
Il y a presque vingt ans, Christian de Portzamparc fut le premier architecte français à recevoir le prix Pritzker. Aujourd’hui encore, le dynamisme de l’Atelier C. de P. ne se dément pas, avec des projets d’envergure comme la Cidade das Artes à Rio, ou la participation au Grand Paris. La Vie des Idées interroge un architecte urbaniste qui continue d’œuvrer pour la ville et la musique.
Historien des campagnes chinoises et auteur des Origines de la révolution chinoise, Lucien Bianco dresse pour La Vie des Idées un bilan nuancé des grandes évolutions qu’a connues la Chine depuis quelques décennies, en évoquant la démaoïsation, la politique de l’enfant unique, les « nouvelles campagnes socialistes », et le discours élitiste des intellectuels chinois.
2012, Terminator, Blade Runner, Melancholia. Les films évoquant la fin du monde ne manquent pas, leur succès est croissant. Mais quelle est leur signification ? Sont-ils de purs divertissements, nous permettant de jouer avec l’idée que tout peut s’arrêter ? Pour Peter Szendy, il faut les prendre très au sérieux, parce qu’ils expriment la nature profonde du cinéma – et nous disent, à leur manière, ce qu’est un monde.
Créer de la relation : telle est, depuis plus d’un demi-siècle, l’ambition de l’œuvre de Jean Starobinski. Œuvre généreuse et mouvante, construite à l’écoute de la vie, entre critique et clinique. La Vie des idées a rencontré ce citoyen du monde chez lui, à Genève, à l’occasion de la parution de trois ouvrages importants.
Vincenzo Cicchelli a étudié, dans une vaste enquête, les étudiants partis en mobilité Erasmus pendant leur scolarité. Selon lui, les jeunes européens font l’expérience, dans ces voyages, de la pluralité d’un monde qu’ils doivent habiter et au sein duquel, en dépit des frontières, ils doivent trouver des espaces communs.
Qui vient après le Sujet ? Le Citoyen, répond Étienne Balibar, saisi non plus dans une souveraineté solitaire, mais dans une communauté en devenir. Cependant l’égalité des droits que proclame la modernité n’exclut pas la ségrégation et l’exclusion. Dans ce grand entretien, le philosophe s’explique sur ce paradoxe qui nourrit aussi sa méthode d’analyse.
Comment expliquer la relative imperméabilité des pays du nord de l’Europe à la crise ? Y a-t-il une homogénéité des social-démocraties norvégiennes, suédoises et danoises ? Yohann Aucante présente les différents facteurs qui sont à l’origine de l’État providence et de la démocratie industrielle à la scandinave tout en évaluant leur influence sur le reste de l’Europe.
L’Union européenne, mal comprise par ses citoyens, souffre d’un vrai déficit d’image. Est-il possible d’y remédier ? Oui, en changeant de discours et en élargissant les schémas d’explication, dans l’espace et dans le temps : il faut inclure les pays de l’Europe orientale et remonter au siècle des Lumières. En se fondant sur l’histoire européenne, Stella Ghervas expose pourquoi l’idée de paix pourrait bien être le principe de légitimation de l’Union.
La relation de crédit est omniprésente dans le champ économique, mais elle est aussi essentiellement un rapport social. Après nous avoir rappelé ces points, Pierre-Cyrille Hautcoeur discute la manière dont le crédit peut être un outil d’intégration, et non d’exclusion, ainsi que le rôle des Banques Centrales dans le crédit offert aux Etats.
Philippe Askénazy, économiste, rappelle que les inégalités sont avant tout une construction sociale. Autrefois mises en avant comme facteurs d’efficacité économique, elles apparaissent aujourd’hui comme une des racines de la crise actuelle. Elles peinent pourtant à s’imposer dans le débat public, du fait notamment de la quasi-invisibilité des super-riches.
La mondialisation est-elle génératrice d’inégalités ? Pour François Bourguignon, elle a très certainement contribué à réduire les inégalités entre pays, en permettant à un certain nombre de pays en développement de converger vers le niveau de vie des pays développés ; mais elle semble aussi avoir participé à la hausse rapide et récente des inégalités au sein de chacun des pays. Cette dernière dynamique n’est pourtant pas une fatalité, et peut être affrontée par les États, sans avoir à recourir à l’arme dangereuse du protectionnisme.
La jeunesse, valeur éternelle ? Valeur sûre, en tout cas, quand il s’agit de mettre en avant le changement, ou la révolution – fût-elle conservatrice. Valeur contemporaine aussi, dont la visibilité s’est particulièrement accrue depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ludivine Bantigny, historienne, revient sur les nombreux usages de cette notion très peu sociologique, mais très politique.
Après l’échec des négociations, la crise sociale s’enlise et s’envenime au Québec. Selon Christian Nadeau, professeur à l’Université de Montréal, le conflit dépasse le champ universitaire : il met en jeu un véritable choix de société et bouleverse en profondeur la vie politique québécoise. Les mesures d’exception promulguées par le gouvernement révèlent les pressions qui pèsent aujourd’hui sur la social-démocratie et la nécessité de la défendre.
Sandrine Revet défend une approche ethnographique des catastrophes afin de comprendre, au delà du strict bilan, les effets d’un désastre sur les politiques publiques, mais aussi et surtout sur les comportements et croyances des populations. Dans cet entretien, elle s’interroge sur le renouveau actuel des Disaster Studies et montre comment celles-ci se sont structurées depuis la deuxième Guerre Mondiale.
Paul Jobin, qui suit les travailleurs de la centrale nucléaire de Fukushima, analyse le déni gouvernemental concernant les conséquences sanitaires de leur travail et, plus largement, les effets à long terme de la catastrophe. Cette censure est cependant battue en brèche par les mobilisations sociales qui passent notamment par internet.
Les politiques menées en France depuis quarante ans pour lutter contre le chômage de masse ont échoué. Selon Philippe Askenazy, en réorientant les 15 milliards aujourd’hui utilisés pour inciter les entreprises à embaucher, il serait possible de créer 500 000 emplois publics, dans les secteurs où des besoins réels existent.